Les maux se coincent dans ma gorge

Les maux se coincent dans ma gorge

Des nouvelles des Parques
La Youle Compagnie
Metteur en scène: Ulrich n’Toyo
Les comédiennes: Adeline Maisonneuve, Sophie Lephay, Lucie Monziès

Elles sont trois et voudraient être des milliers. Adeline, Sophie, Lucie … pour combien d’autres dont les voix sourdent et s’élèvent, pour affirmer que décidément entre les femmes et les hommes çà va plus se passer comme çà !

 

« Les maux se coincent dans ma gorge » c’est le titre du spectacle à venir. En regard : des mots,  récoltés auprès de femmes, anonymes ici, auxquels nos trois parques prêtent leurs corps, leurs voix, leurs chants, leurs volontés. Des paroles ici recueillies et réécrites par l’homme du projet, Ulrich.

Solide gaillard, comédien, conteur nous dit-il, d’une voix douce, si souriante, avec cette façon particulière de rouler les « r » dont on se dit quelle est peut-être une signature des rives, côté Brazza, du fleuve Congo -  cet écho que le francophonie renvoie à notre français si sèchement pointu d’aujourd’hui, si raboté de cette douce vibration ; l’accent d’un souvenir, d’une langue perdue ?

Retrouver une parole, prendre langue d’avec les femmes, voilà donc l’affaire en cours !
Mais lesquelles, ou encore laquelle ? A ce point-ci on reste encore à devoir le deviner, mais l’ami N’Toyo préfère répondre par l’invocation de la musique.

Rythmes, modes, scansions parfois savantes, plaisir de la musicalité, son lointain d’une flûte qui arrivera sur le plateau, bien des musiques rejoindront ce trio, et c’est aussi une quête sensuelle que cette équipe recherche.

 

N’en déplaise à Musset, les plus beaux chants ne sont pas les chants désespérés mais ceux de revendications ! et là, le stock déjà inépuisable rassemblé par la cause des femmes s’enrichit un peu plus.

Apparaît alors une question vielle comme le théâtre et les antiques dionysies dont aime à parler le metteur en scène à ses interprètes : qui parle, qui est parlé, et comment çà se tisse tout çà, par quelle convention, par quelle adresse au public ?

Çà cherche: « il ne faut pas tout montrer, ne pas fermer les mots » , « pas tout mâcher pour le public , il doit lui aussi faire sa part du travail,  aller vers vous ». Cette affaire du vrai/ faux, de l’incarnation, de l’identification périlleuse de la comédienne à un personnage, et là plus précisément à une femme « réelle », tout çà est tout entier présent… remettre sans cesse le travail à l’ouvrage.

 

Les femmes et les hommes parlent-ils encore la même langue quand par trop ils se sont séparés ?

Succède celle du journalisme, par l’égrenage de faits divers toujours douloureux, c’est alors du côté du théâtre documentaire que çà penche, mais vient se superposer la musique qui va bousculer l’illusion de la vérité de l’anatomie des faits, pour se préserver de ne rien conclure trop hâtivement de ce farouche féminin/ féminin pluriel…