THISISPAIN
Dans THISISPAIN, je suis un touriste issu de la danse contemporaine qui visite le monde du flamenco. Avec moi, Mijal Natna, une artiste asraélienne de flamenco, prestigieuse et expérimenée. Pourquoi une Israélienne et le flamenco ? Qu'est-ce que vient faire Hillel Kogan, un chorégraphe israélien, avec le flamenco ? L'Espagne c'est Picasso, la guitare classique, les corridas, Carmen, les éventails, les castagnettes, la tortilla, la passion, le sexe, les belles plages, Almodovar, Penelope Cruz, Julio Iglesias, Franco, Colom, l'expulsion des juifs, les gitans, l'Inquisition, l'âge d'or, Don Quichotte, Dali, Goya, vin, pois noirs, rouges et blancs. L'Espagne est uen image. L'Espagne est un code. Le Flamenco est souvent l'art de la souffrance et de la douleur. Alors THISISPAIN.
L'art "Occidental" flirte depuis des siècles avec le fantasme exotique espagnol. Et le marque comme plein de passion, de noble sauvagerie, il en est sexy. Dans les balette classiques, l'image emblématique de la danseuse espagnole (Carmen, Paquita, Silvia) porte tous les signes codés et représzntatifs qui entretiennent un dialogue musclé avec la sylphide et le cygne purs, pieux et asexués. des personnages espagnols pleins d'entrain, ou alors des gitanes séduisants aux seins nus peuplent la littérature, la peinture ainsi que l'opéra. Il est intéressant de noter que le personnage espagnol le plus célèbre, Carmen, chante "L'amour est un oiseau rebelle" en français.
THISISPAIN est structuré comme un spectacle de flamenco - l'œuvre se déplace entre les formes du genre, enchâssés dans un dialogue entre Mijal Natan et moi, sur des questions d'identité, de nationalité, de genre. Cependant, je n'aborde pas le flamenco seulement comme quelqu'un qui l'observe de l'extérieur mais aussi comme quelqu'un qui a décidé de le vivre de l'intérieur pendant un an, dans le processus de création. Mon point de vue est celui de quelqu'un qui est vraiment fasciné par le flamenco.
Le flamenco en Israël est une proposition étrange. Un drôle de cocktail. Je suis un danseur-touriste attiré par l'absurde et ma position est réflexive : je joue de la matière même du flamenco pour révéler les mécanismes de son activation et de sa représentation comme art, langage, institution, histoire, et surtout comme lieu de vie sociale, local mais aussi universel. Lieu de débat : qu'est-ce qu'un homme et qu'est-ce qu'une femme, qu'est-ce que l'espagnol, qu'est-ce qu'israélien, qu'est-ce que l'européanité, qu'est-ce que l'appropriation culturelle, qu'est-ce que l'identité nationale, qu'est-ce que le folklore et qu'est-ce que l'art. Tout cela en remettant en cause le concept d'identité en soi dans l'esprit de Judith Butler et de la queer théorie : l'identité n'est pas une essence mais plutôt une performance. Et moi, Hillel, je veux performer l'espagnol.
À partir de 13 ans
Hillel Kogan
au théâtre de l'Arsenal
Chorégraphie Hillel kogan
Interprété par Mijal Natan et Hillel Kogan
Direction artistique Laetitia Boulud
Lumières Nadav Barnea
Conseiller musicale Yael Horwitz
Traduction et adaptation française Noémie Dahan
© L.Boulud et © E.Katz
Production : Hillel Kogan, Curtain Up festival, Ministry of Culture (Israel)
Création 2022 et première au Curtain Up festival, Tel Aviv, le 9 Novembre 2022
Chorégraphe : Hillel Kogan